mardi 17 novembre 2015

L'Instinct de l'équarisseur : vie et mort de Sherlock Holmes / Thomas Day

L'Instinct de l’équarisseur : vie et mort de Sherlock Holmes / Thomas Day
Folio SF


Un bon gros fouilli comme je les aime : au shakeur, pas à la cuillère.




Poursuivons dans les postiches de Sherlock Holmes. L’Instinct de l’équarisseur fait certainement partie des plus étranges que j’ai lu. Ce n’est peut-être pas au goût de tout le monde, mais je n’ai rien contre l’idée de faire se rencontrer des figures littéraires et réelles qui auraient pu coexister (ou pas), cela peut être très intéressant, ou bien un hommage, voir tourner au gros n’importe quoi. Dans L’Instinct de l’équarisseur, il devient vite très clair que l’on se dirige plutôt vers cette dernière catégorie lorsque Watson se téléporte depuis une dimension parallèle pour venir chercher Arthur Conan Doyle afin qu’il participe à une nouvelle aventure de Sherlock Holmes.
Divisé en trois parties, L’Instinct de l’équarisseur retrace la fin de la partie d’échecs qui oppose Sherlock Holmes à Moriarty. Rien de très original jusqu’ici, certes, mais il faut se souvenir que les deux hommes vivent dans un univers parallèle où les extra-terrestres vivent en harmonie avec les humains, et où tout semble
C’est de la science-fiction plutôt que du policier


Les + :
  • Sherlock Holmes (ce n’est pas le personnage traditionnel mais j’aime bien cette version aussi)
  • le beau bordel (Jack l’éventreur, des aliens, des dinosaures, et j’en passe)
  • Shiva
  • York (l’imagerie est assez glauque mais ce n’est pas pour me déplaire)


Les - :
  • la fin de Shiva (c’est le seul personnage féminin qui ait un rôle vraiment important, et son début était fascinant mais sa fin baclée, selon moi)
  • Jack l’éventreur (je ne vous spoile pas mais c’est du déjà vu. Je veux bien que l’on ne puisse plus inventer de nouvelles théories sur son identité, mais son traitement était trop simple à mon goût)

lundi 6 juillet 2015

Le mandala de Sherlock Holmes / Jamyang NORBU

Le mandala de Sherlock Holmes / Jamyang NORBU

Roman traduit de l’anglais (Inde) par Marielle MorinEditions Piquier poche




Le mandala de Sherlock Holmes, un mélange entre Sherlock Holmes, Indiana Jones et Tintin au Tibet.


Le mandala de Sherlock Holmes et Kim, sous le regard bienveillant du grand détective



Cet article est le premier d’une série qui va concerner un sujet auquel je tiens beaucoup et qui s’étendra certainement sur plusieurs critiques : Sherlock Holmes.
Je vous arrête tout de suite, je n’ai pas l’intention de m’attaquer ici aux oeuvres de Sir Arthur Conan Doyle. Déjà ce serai bien trop long, et cela a déjà été fait et refait par des personnes plus qualifiées que moi. Si le sujet vous intéresse, j’aii une petite bibliographie pour vous, mais ce n’est pas le sujet de cet article. Je vais plutôt m’intéresser aux oeuvres hors du canon holmesien, les pastiches et les adaptations (j’ai un jour assisté à une conférence de Xavier Mauméjean sur le sujet, et laissez-moi dire que le sujet est immensément vaste).
La liste est longue, tant le célèbre détective a inspiré romans, films, séries télévisées, jeux… Il y aurait beaucoup, énormément !, à dire, alors je vais y aller petit à petit.


Commençons donc par ma dernière lecture du genre en date, Le mandala de Sherlock Holmes, dégoté pour moi par ma chère mère lors d’un passage chez Gibert Joseph.
Le roman se présente, comme beaucoup d’autres, comme un véritable manuscrit, augmenté d’une introduction narrant comment l’auteur est arrivé à l’avoir entre les mains (tout en se permettant une petite pique sur les nombreux manuscrits inédits du docteur Watson découverts et publiés depuis la fin de la parution des aventures de Sherlock Holmes par Conan Doyle, pour mieux mettre en valeur la véracité de ce récit par rapport à tous ces faux).
Il n’y a pas vraiment besoin d’être un holmésien passionné pour lire Le mandala de Sherlock Holmes, et le roman donne les quelques informations nécessaires. Il y a juste à savoir que Sherlock Holmes, détective privé de génie, a combattu son ennemi principal, le professeur Moriarty, aux chutes de Reichenbach où les deux hommes ont disparu. Holmes est ensuite réapparu, bien en vie, deux ans plus tard sans jamais expliquer en détail à son fidèle camarade et narrateur de ses aventures, le docteur Watson, ce qu’il a fait durant ce temps-là. Le mandala de Sherlock Holmes apporte quelques lumières sur cette ellipse durant laquelle on sait simplement que le détective s’est rendu au Tibet.
Le récit est donc de la main de Hurree Chunder Mookerjee qui endosse le rôle du docteur Watson en tant que compagnon observateur qui relate ensuite avec admiration l’aventure du détective. Si ce nom vous parle, c’est parce qu’il s’agit d’un personnage issu du roman Kim de Rudyard Kipling (que je n’avais pas lu, ce n’est donc pas indispensable pour la compréhension). Je dois avouer que je me suis dépêché d’acheter Kim tant les allusions dans Le mandala m’avaient rendu curieuse, et je ne regrette pas mon achat. N’ayant pas encore eu l’occasion de lire du Kipling, j’ai complètement adhéré à Kim, malgré les avis divers sur le roman. Le sujet a déjà été débattu en long, en large et en travers, alors je ne vais pas m’étendre davantage sur Kim.
Revenons-en au roman. On y découvre le voyage de Sherlock Holmes en Inde puis au Tibet. Il ne s’agit pas ici d’une enquête comme c’est le cas dans le canon, et bien qu’il y ait meurtre rapidement, ce n’est pas le centre du roman. La première partie est un peu lente jusqu’à ce que nos protagonistes prennent enfin le chemin de Lhassa où ils se retrouvent au milieu des intrigues menaçant le jeune dalaï lama. C’est assez rafraîchissant de retrouver Sherlock Holmes dans un autre environnement que le Londres victorien traditionnel (que j’apprécie particulièrement, ne vous y trompez pas), d’autant plus que je suis assez étrangère à l’histoire de l’Inde et du Tibet. L’auteur, Jamyang Norbu, connaît son sujet et constelle le récit de vocabulaire spécifique en hindi et en tibétain, qui donne un ton authentique mais rend l’utilisation du glossaire à la fin du roman indispensable. Je conseille aussi de garder Wikipédia ouvert dans un coin si, comme moi, vous n’êtes pas très au fait de l’histoire du Tibet ou de la religion bouddhiste (non, Les vacances de Jésus et Bouddha n’est pas une source suffisante d’informations…).


Au final, Le mandala de Sherlock Holmes est une lecture agréable, même si la fin m’a laissée un goût un peu mitigé. La résolution des enquêtes de Sherlock Holmes se concluent toujours par des déduction logiques, mais ce n’est pas vraiment le cas ici. Il faut dire que j’ai abordé le roman en attendant une énième nouvelle enquête, et cela a pu fausser mon jugement car ce n’est pas l’idée ici. Il s’agit plus d’une aventure que d’une enquête, avec des péripéties et un dénouement surprenant.


Les + :
  • Sherlock Holmes (je suis partiale dès qu’on touche au détective)
  • l’ambiance bien rendue
  • l’attention portée aux détails
  • l’absence de romance superflue (mais cela aurait pu être intéressant qu’il y en ait, considérant l’absence flagrante de personnages féminins…)


Les - :
  • pas un seul personnage féminin (même pas cité, pas une allusion, rien de rien ! Je veux bien que l’intrigue tourne autour de deux personnages littéraires  masculins déjà existants, de la civilisation tibétaine et de la religion bouddhiste qui ne laisse pas une grande place aux femmes, mais tout de même ! 50 points de moins pour Griffondor !)
  • la difficulté avec laquelle le lecteur doit accepter certains éléments à la fin du roman (que je ne vais pas spoiler mais qui relèvent du surnaturel, quoi que ce ne soit pas présenté ainsi)
  • le léger goût de “syndrome du sauveur blanc”

mardi 23 juin 2015

Berazachussets

Berazachussets / Leandro Avalos Blacha
Roman traduit de l’espagnol (Argentine) et postfacé par Hélène Serrano
Collection Folio SF, Gallimard


Berazachussets, un petit roman argentin qui ne ressemble à rien d’autre.


Découvrez mes talents photographiques et mon sens génial de la mise en scène : nuls et nul.



Je l’avais acheté au Salon du livre en 2014 (en même temps que La Villa des mystères de Federico Andahazi, il faut croire que j’avais envie de lire des romans aux ambiances étranges ce jour-là) et il traînait sur ma bibliothèque dans la pile des livres à lire depuis. La 4ème de couverture m’avait vendu du rêve : une histoire de zombies avec des protagonistes féminins. N’étant pas non plus ni une grande fan ni une grande connaisseuse des univers zombiesques, je m’attendais un peu à un genre de Walking Dead où les personnages principaux seraient des femmes. Je me plantais totalement.


Berazachussets est un ovni, une petite bulle d’étrangeté qui plaira ou pas. C’est un petit roman à lire d’une traite (ou presque), sans chapitres, composé d’une suite de petits paragraphes où l’on suit divers personnages (surtout des femmes).


L’histoire commence quand un groupe d’amies récupère Trash, une jeune femme obèse à moitié nue qu’elles pensent être la victime d’un violeur. Trash s’avère être une zombie, mais ici pas de zombie idiot qui marche en titubant et en marmonnant “braiiin”, non madame. Trash est un personnage à part entière, avec son cerveau parfaitement en état de marche, dont l’état de zombie ne se traduit que de temps en temps par une envie de boulotter quelqu’un (attention alerte cannibalisme). A partir de l’arrivée de Trash, les choses commencent à dégénérer pour les quatre amies dans leur ville fictive de Berazachussets (j’y reviendrai). Très vite le groupe se dissout et chacune va vivre des péripéties loufoques de son côté. Je pense que “loufoque” est bien l’un des mots pour décrire ce qu’il se passe dans ce livre. On découvre rapidement à quel point cette ville est pourrie et au bord de l’effondrement, une parodie d’une société entre Argentine et Etats-Unis dont elle a récupéré tous les défauts. Le nom de Berazachussets est d’ailleurs une amalgame entre Berazategui et Massachussets (la postface éclaire sur les noms de lieux inventés par l’auteur).


Au final, je partais avec un a priori (c’est sûrement pour ça que ce livre est resté si longtemps à attendre son heure sur ma bibliothèque) qui ont vite été balayés, et j’ai vite été entraînée dans cette histoire étrange portée par l’écriture savoureuse de Leandro Avalos Blacha.


Les + :
  • les personnages (beaucoup de personnages féminins très variés, avec un petit coup de coeur personnel pour Trash et Perequita)
  • la loufoquerie (oui oui, c’est un vrai mot)
  • l’inattendu de lire un roman de zombies argentin
  • l’écriture
  • les pingouins


Les - :
  • n’attendez pas d’explications sur l’univers dans lequel se passe le roman
  • la couverture que je trouve peu engageante